La curée

Émile Zola

Aristide Maquart, le fils « mauvais garçon » du fondateur de la dynastie, a un fils d’un premier mariage : Maxime. A quarante ans et quelques années, il se remarie et épouse une jeune femme entre vingt et trente ans, Renée, qui ne sera guère plus âgée que Maxime.

Les deux époux sont aussi dévoyés l’un que l’autre, amants et maîtresses sont connus et tolérées, y compris du fiston.

Lorsque le roman commence, la marâtre et le beau-fils sont de sortie dans une calèche, en promenade dans « le Bois ». Maxime informe Renée que son amant en titre se morfond, qu’il ne comprend pas qu’elle le fuit. Renée charge Maxime d’officialiser la rupture, « il m’embête ».

Pendant la promenade, le pied de Maxime effleure celui de Renée. L’auteur nous explique que ce geste est innocent, sans conséquence. Alors pourquoi nous en parle-t-il ? Le lecteur comprend qu’il nous prépare à quelqu’anguille sous roche.

Après ces présentations, l’auteur fait un flash back sur les débuts d’Aristide. Il est dans une situation minable, traîne dans les rues les mains dans les poches, en rêvant de faire l’affaire du siècle. Il va voir son frère qui, lui a une bonne situation, et lui quémande « une place ». Celui-ci lui répond que c’est possible, mais qu’il faudra qu’il y mette du sien et, en substance, qu’il sorte les mains de ses poches.

Peu à peu le ciel s’éclaircit pour Aristide, mais pour lui, pas question de travailler dans l’honnête, il faut que ce soit de la magouille.

Nous sommes au Second Empire, le baron Haussmann perce ses boulevards dans Paris, et il y a des affaires à faire avec les expropriations. Aristide est de mèche avec le fonctionnaire chargé de subventionner les expropriés. Il va donc acheter à bas prix les immeubles visés par les expropriations, puis toucher la subvention rendue cossue grâce à la complicité du fonctionnaire.

Ce système est des plus juteux et, lors de son mariage avec Renée, il est propriétaire d’un hôtel particulier au luxe débordant, que Zola décrit avec minutie.

Puis, nous revenons à cette balade en calèche, de René et Maxime, dans le bois. Nous allons terminer la soirée dans l’appartement de Maxime, comme deux camarades. Accoudés au balcon, nous regardons les noctambules dans la rue. Les éclairages électriques, récemment installés, ou encore les becs de gaz, s’éteignent peu à peu. Belle description de Zola.

Mais cela se termine par… une nuit d’amour. Et la marâtre et le fiston sont donc, de façon consommée et, bientôt officielle, amants. Officielle, auprès du petit monde qui vient souvent aux soirées organisées par le couple, dans leur bel hôtel particulier. Mais pas du mari, qui ne va l’apprendre que… le jour de leur rupture.

Ce petit monde est composé de hauts fonctionnaires, ou d’autres magouilleurs comme Aristide, ou encore d’entrepreneurs honnêtes, avec leurs épouses. Bref, des « notables ».

Avant d’apprendre qu’il le fait cocu, Aristide tente de convaincre son fils de se marier. Il lui trouve une fiancée moche au possible, mais solidement dotée. Bien entendu, il lorgne sur cette dot pour lui-même, son appétit d’argent n’étant jamais assouvi. Il entreprend même de spoiler son épouse.

Un chapitre entier est consacré à la description d’une soirée qu’on donne à l’hôtel particulier, où la clique des notables est invitée. On monte une pièce de théâtre, jouée par les femmes, qui sont costumées. Mais on accepte Maxime, « avec ses airs de fille ».

Renée joue le rôle de je ne sais plus quel personnage de la mythologie, qui fait des beaux yeux à Narcisse qui, bien sûr, est joué par Maxime. Il se refuse à elle, car il n’aime que lui, en se regardant dans son miroir. Bien sûr, on devine qu’il s’agit d’une allégorie de ce qui se passe entre les deux jeunes gens. Car cette soirée a lieu peu après leur rupture.

S’en suit un cotillon. Les femmes sont « délicieusement » scandalisées, songez que ce conducteur de cotillon, un écrivain-poète, nous a fait faire saute-mouton sur le dos des hommes, à quatre patte ! Hu lu lu! Hi li li! C'était horrible! Ha la la, ho lo lo, ne dites pas que nous n'y avez pris aucun plaisir!

Le roman se termine par une réflexion de Renée sur sa vie, ce qu’elle est, pourquoi cette vie dévoyée, pourquoi se met-elle à nue ? Qui l’a mise à nue ? Serait-ce lors de « ce viol » dans son adolescence ? Dont Zola ne nous dit pas plus, comme si nous étions dans la confidence.

Citation

Si j'étais femme, je me vendrais peut-être, mais je ne livrerais jamais la marchandise, c’est trop bête. Aristide Saccard .