La chute
Albert Camus

Nouvelle à un seul personnage, le narrateur, qui est en compagnie d’un second personnage, qu’on ne voit ni n’entend. De temps en temps, le narrateur répond à une courte réplique que, imagine-t-on, l’autre a dû prononcer. Comme par exemple : « Vous riez ? Mais c’est très sérieux... », ou encore : « Pourquoi ne l’ai-je pas fait alors ? Mais parce que... ».
Cet entretien à épisodes (les chapitres) a lieu dans divers lieu de rendez-vous, comme un estaminet ou un parc, « asseyons-nous sur ce banc ».
Dans ce genre de roman, on se demande si le narrateur est l’auteur ou pas, un peu, beaucoup, pas du tout… Marcel veut être Proust alors que, par certains cotés, il ne l’est surtout pas, comme, par exemple, relativement à l’homosexualité. Ici, au contraire, Camus nous présente un personnage d’un cynisme avéré, qui « n’est surtout pas lui », alors qu’il tient probablement beaucoup de lui.
Ce narrateur va parler de lui-même, en justifiant ses pensés, ses opinions et ses actes, réputés peu convenables, par des arguments souvent pré-fabriqués, ou provocateurs, mais néanmoins pittoresques. Sous l’oreille de l’autre, qui n’est guère contrariant.
Lecture à voix haute
Lorsqu’on lit un livre à voix haute, pour quelqu’audience, la question se pose de savoir si on doit « jouer le livre », comme une pièce de théâtre. En général je suis plutôt contre, je pense qu’il faut s’effacer derrière le livre, ne pas en rajouter. Le talent de l’écrivain doit être rendu par le seul texte, sans l’aide du lecteur.
Mais je pense qu’ici, au contraire, ce livre serait très bien, joué par un comédien, comme dans une pièce de théâtre à un seul personnage. Pour rendre la présence de l’autre personnage, qu’on ne voit jamais, il faudrait avoir recours à un jeu de mise en scène, cela n’est pas infaisable.
Je ne sais pas si cela a été tenté, avis aux amateurs. On en a joué d’autres qui étaient moins destinés au théâtre.
PS : cela a été fait, dans les années 2010, joué par Jean Lespert, mise en scène par Vincent Auvert.