La fortune des Rougon
Émile Zola

Il s’agit du premier volume de la série des Rougon-Macquart, qui constitue ce qu’on peut appeler une saga d’une famille au XIXième siècle. Certains textes parlent « d’une famille bourgeoise », alors que certaines branches de cet arbre généalogique ne le sont plus beaucoup, puisqu’on va les retrouver dans les mines de charbon, mécaniciens de locomotive, ou encore prostituée des bas fonds.
En revanche, dans ce premier livre, qui dresse le portrait de la « famille souche » de cet arbre, il s’agit bien d’une famille bourgeoise, et même « parvenue », qui jalouse les privilèges encore bien vivaces de l’aristocratie du siècle.
Pierre Rougon est le fils d’un premier mariage de Adélaïde. Après la mort de son mari, Adélaïde vit en concubinage avec un certain Macquart, contrebandier, avec qui elle va avoir une fille, Ursule, et un fils Antoine.
Réunion de famille - Frédéric Bazille - 1867 - Musée d'Orsay - Paris
Cela va donner trois branches dans l’arbre généalogique :
• Pierre, qui sera la racine des « Rougon »,
• Ursule, qui va se marier avec Mouret, un chapelier, et qui sera la racine des « Mouret »,
• Antoine, qui sera la racine des « Macquart ».
Le prince Napoléon, futur Napoléon III, semble briguer le pouvoir, afin d’instaurer un régime qui ne serait ni l’ancien, ni la république. Cela intéresse Rougon, qui voudrait profiter des privilèges que l’aristocratie en déroute laisse, tout en écartant la république qui favorise les petits et la racaille.
Mais la révolte gronde, et c’est bien la république qu’elle défend. Une foule armée de fourches et de fusils de chasse écume les villages, et va bientôt arriver à Plassant, cette ville de province de taille moyenne, où a lieu l’histoire.
Le frère bâtard, Macquart, en veut à peu près à tout le monde pour la vie qu’il mène et ce qu’il est. C’est un fainéant notoire, qui fait travailler son épouse et ses enfants pour le nourrir, et qui les bat lorsqu’ils n’obéissent pas. Il va se placer tout naturellement du coté des révolutionnaires, en premier lieu pour s’opposer à Rougon. Mais quand on lui fait miroiter une somme d’argent en contrepartie d’une trahison de ces derniers, il ne va pas hésiter.
Pierre Rougon va s’arranger, avec le soutien de son épouse Félicité, pour être le sauveur de Plassant, celui qui va neutraliser cette révolte. C’est le sens du mot fortune dans le titre : « la chance qui nous sourit enfin » et non pas « l’argent », même si, dans l’esprit de Rougon, cela se traduit d’abord par une trésorerie fournie.
Les Rougon, dans le ville de Plassant, sont dans une position intermédiaire : le peuple vit dans un autre quartier, l’aristocratie dans un troisième. Son épouse, depuis sa fenêtre, voit le luxe dans lequel vivent ces derniers, et les jalouse. Un jour elle aura elle aussi ces beaux rideaux et voilages.
Le couple vit la plus grande partie de sa vie dans cette médiocrité, jusqu’à ce que cette révolte arrive, et fasse miroiter l’espoir de briller enfin.
C’est Félicité qui voit vraiment ce qu’il faut faire pour « réussir », ou plutôt « parvenir », et qui mène son mari par le bout du nez. Lui ne s’en rend absolument pas compte et pense que les femmes n’entendent rien à la politique et aux affaires.
De temps à autre, elle lui dit qu’il sera grand, qu’on l’adulera, en ajoutant à part elle : « j’y veillerai ».
Rougon, lui, se voit toujours en situation d’échec, et pense toujours que « tout est perdu ». Un jour, après un de ces faits d’armes médiocres, où on a repoussé tant bien que mal les révoltés, il s’effondre en larme, en pensant que, cette fois, c’est fini, malgré le soutien de Félicité. Mais on entend une clameur dans la rue, les gens adulent Rougon pour son courage, puis entreprendront de demander pour lui la légion d’honneur.
Rougon revit et organise un grand repas à sa gloire, où il fera le modeste.
En parallèle de cela, il y a le parcours de Sylvère, un des fils de Macquart, qui a fuit la famille. Le roman va commencer avec Sylvère et se terminer avec lui, au même endroit.
Au début, il a rendez-vous avec sa fiancée, Miette. Il a un fusil, et lui explique qu’il va « partir » et rejoindre cette révolte.
A la fin, il est arrêté par les gardes nationaux et va être fusillé sommairement.
Au cours de la lecture du roman, on découvre d’autres noms qu’on va revoir par la suite, comme « Gervaise » ou « Mouret ».