Eugénie Grandet
Honoré de Balzac

Fille d’un bourgeois « de province », avec tout le mépris que Balzac met habituellement dans cette expression, Eugénie mène une vie routinière peu en rapport avec son jeune âge. Son père, un ancien « tonnelier », est parvenu – c’est le mot – à une situation de notable négociant, près de sa fortune.
D’autre notables de second ordre, briguent moins la jeune fille pour caser leur rejeton, que la dote associée, qu’on imagine confortable.
Le frère du « tonnelier » est également homme d’affaire, mais parisien, lui. Il est en très grandes difficultés, endetté jusqu’au cou. Il finit par se donner la mort en léguant sa fortune, ou plutôt ses dettes, à son fils, le neveu du tonnelier, le cousin d’Eugénie.
Ce dernier apprend la triste nouvelle alors qu’il est chez Eugénie, venue passer quelques temps « en province » pour se reposer ou changer d’air.
Bien que le tonnelier ne porte pas ce neveu dans son cœur, – il le prend pour un excentrique illuminé, bref un « parisien » – le tonnelier lui assure qu’il va l’aider à s’en sortir, à gérer ce passif, ces dettes de son père, négocier avec ces créanciers. Ne porte-t-il pas le nom des Grandet ?
On devine que la démarche du tonnelier est intéressée et qu’il va lui-même en tirer quelque profits. « deviner » est le mot, car personnellement je n’ai pas compris quelle pouvait être l’origine de ces profits (leur nature oui, bien sûr : financière). Mais peu importe, on comprend que le père va utiliser le neveu pour accroître (encore) sa fortune, et c’est tout ce qui compte pour la compréhension des rapports entre les personnages.
Entre temps, à la faveur de la consolation du deuil, les deux jeunes gens tombent amoureux l’un de l’autre, et se promettent en mariage.
Mais on doit se séparer car il faut que le neveu remonte à Paris pour régler les affaires de feu son père, négocier avec les créanciers, etc, selon les indications et directives du tonnelier. La séparation est déchirante mais on promet de se retrouver dans un an et de se marier.
Le tonnelier continue à envoyer son notaire à Paris pour négocier avec les créanciers du neveu. On rembourse une partie des créances, et on promet le solde pour une échéance « lointaine ». Au bout de quelques années on annonce aux créanciers que le neveu a fait fortune aux Amériques et qu’il pourra solder les créances de son père.
Lorsque le neveu rentre des Amériques, avec sa fortune, il n’a pas oublié Eugénie, mais il n’est plus du tout question pour lui de l’épouser. Il lui écrit une lettre de rupture déchirante, qui plonge la jeune fille dans un chagrin sans nom.
Apprenant que le neveu est rentré des Amériques, le tonnelier envoie son notaire le rencontrer à Paris, afin de régler les créances. Le neveu l’envoie promener en disant qu’il a d’autres chats à fouetter que de régler les créances d’un lointain père défunt.
La jeune fille va prendre le voile, au grand dam du tonnelier, désolé de ne pouvoir donner une riche héritière.