La neige en deuil

Henri Troyat

On n'aurait pas cru l'auteur de romans historiques russe capable d'écrire un roman de montagne digne d'un Roger Frison-Roche. Mais il s'en sort très bien, avec même le vocabulaire adéquat.

Un ancien guide de haute montagne, ayant raccroché, pour des raisons que l'on va découvrir progressivement, vit maintenant dans la maison de ses ancêtres et garde ses moutons. Il passe pour s'effacer sous quelque disgrâce, suite à « ce qui est arrivé », et d'aucuns le nomment même fou du village.

La visite périodique de son frère cadet, de la ville, le remplit de bonheur, il lui montre ses moutons. Ce frère tente de le convaincre de vendre la maison, nous partagerons l'argent, tu achèteras d'autres moutons et tu agrandiras ton exploitation, moi j'ouvrirai une boutique en ville.

Le frère aîné refuse, mais un autre événement arrive. Un avion s'est écrasé sur un sommet, aucun survivant, des indiens fortunés qui se rendaient en Angleterre. Un guide de grand renom a monté une expédition pour aller les chercher, mais ils ont trouvé la mort, suite à une imprudence de débutant.

« Toi tu n'aurais pas commis cette erreur ? », lui demande le frère cadet. Il tente ensuite de le convaincre de reprendre le collier et de l'aider à monter là haut, c'étaient des gens riches, y'a sûrement de l'argent et des bijoux, et voler des morts, y'a pas de mal, que veux-tu qu'ils en fassent là où ils sont maintenant ?

Le frère aîné sort de sa torpeur et monte l'expé avec une maîtrise qui nous surprend et le surprend lui-même.

Le déroulement de la course rappelle tout-à-fait un « premier de cordée » de l'auteur pré-cité. Certes, cette fois, la foudre ne tombera pas, mais d'autres ennuis vont arriver.